vendredi 7 mai 2010

Ôde à la flexiblité, l'observation et la liberté

Combien de fois, je me surprends à sourire, rigoler alors même que je suis en train de marcher seule dans la rue.

Il faut dire qu'il y a matière: entre les dalles farceuses, l'aventure des colectivos chaque matin où tu manques de t'étaler sur le sol telle une crêpe prise au dépourvu (et cela dans une ambiance disco ou rock ?), l'agua con gas, le cafe con leche, les "bajas", les gros lourdeaux qui te lancent d'une voix nasillarde des "hééééénnnn Preciosaaaaa!", les "che boludo", l'hystérie des filles de la facu, leur voix totalement cassée et de sonorité vraiment pas élégante, mon petit vendeur bolivien de fruits et légumes, les "bueno, no tengo cambio, asi que me debes 25 centavos la proxima vez" et tous les 25 centavos que j'ai probablement jamais rendûs, les gens louches du colectivo chaque matin qui se tombent les uns sur les autres qui commencent à rougir et se lancent des regards timides et charmeurs, les gens qui chantent, le charmant serveur du Starbucks qui nous reconnait tant on y va, les dégustations gratuites du Starbucks, les librairies-disco-cafe.
Quand je pense à mon rythme de vie à Bs As, tout ce que j'en déduis est que la vie est belle et qu'il faut profiter de chaque minute, chaque seconde qu'elle nous octroie car le temps, lui, nous en empêchera. Saloperie de temps qui s'en "va volando".
A parte: J'adore cette petite expression, l'image d'un temps qui vole, le symbole de l'espoir d'un "mieux"derrière lequel on court mais qu'on ne parviendra jamais à rattraper car il s'en ira implacablement toujours à une vitesse irrattrapable(la fin est un peu triste).
C'est ça en quelque sorte le principe du record, tous ces gens qui essaient de méjorer leur temps, ne font en fait que courir, nager, skier après lui mais le grand gagnant dans l'histoire c'est le temps. Mais, allez dire à un champion du monde qui s'est vu remettre la médaille d'or qu'il ne sera en réalité toujours que le second. Difficilement acceptable.

En parlant des colectivos (qui sont en fait des bus argentins) je m'en vais attendre le bus 111 passant à deux cuadras -rue parallèles- de chez moi, j'attends quelques minutes et là je regarde autour de moi et il y avait bien moins de monde que d'habitude.

Je n'y prête pas attention quand, TOUT A COUP, je tourne la tête vers le poteau servant d'arrêt de bus et j'aperçois une feuille A4 avec une écriture de fin de vie d'un stabilo bleu, maintenue accrochée au poteau grâce à un maldito bout de scoth présentant quelques faiblesses et je lis "el 111 no pasa mas".
Alors là, grosse blague quoi! On croit rêver, ils comptent faire comment quand le scoth aura rendu l'âme, quand l'écriture du stabilo sera humidifiée par une pluie diluvienne? Bouche à arrière dans Buenos Aires?
Et qu'est ce que vous faites dans ce genre de cas? Bah vous rigolez! Tout seul, face au poteau.
Tant stupéfait par ce manque d'organisation, y a pas de quoi se plaindre, vous marchez jusqu'à l'Avenida Santa Fe, prenez un autre bus, arrivez avec un bon retard en cours mais "no pasa nada", ça ne fait rien! Puis, de toute façon "ya fue", c'est trop tard, on va pas réparer cet évènement passé.

Tous ces petites choses font que je ne m'ennuie jamais, il y a toujours matière à sourire, observer et analyser et pour ainsi dire... ça me plait, ça m'enchante, ça me fascine.

L'Argentine me donne le sourire.

1 commentaire:

  1. et oui tout ca nous parait aberrant mais ils fonctionne comme cala, pour eux justement le temps ne compte pas ... (en Inde c'est pareille) si c'est pas aujourd'hui ce sera demain.. plus tard quoi! Nous sommes trop mal habituer et déstabilisé lorsque l'on se prend ca en pleine face! mais ca nous laisse réfléchir qu'il faut, comme tu le dis, savoir en profiter..

    en tout cas tu as l'air d'en profiter, éclate toi!

    Lucas

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